Dans cette série, j'ai voulu avec peu de moyens, redécouvrir la poésie du promeneur solitaire, la rêverie d'une marche silencieuse et lumineuse à travers la nature, lieu commun par excellence. Le rien, la confidence, le proche, le vide ont été la structure de cette déambulation.
Il me fallait lutter contre
le réalisme, c'est à dire le pittoresque, l'anecdotique,
le sentimental pour aller dans le matériau photographique, le sensible, le grain.
Il n'y a pas de lieu pour une lumière qui vient du dedans, alors j'ai choisi un vallon de la Loire entre le Pilat et la plaine du Forez, la nature du cantal où le Puy de Dôme. J'ai privilégié un espace petit dans lequel je revenais souvent pour trouver les forces qui génèrent cette lumière intérieure.
Le sujet n'est pas les arbres mais uniquement le photographique. La lumière s'est faite surface en une palette du noir au blanc, du dense à l'absence comme un herbier de rayons. Le noir, c'est la terre, le déjà disparu, le temps, le néant. Le blanc, c'est l'espace, ce qui rend présent, l’avenir, le proche, l'existant.
Je pose la question de la qualité. La fidélité, la sérénité, répéter une expérience de bien être intérieur, de paix, d'unité et révéler ce « petit miracle » de faire naître un recueillement lumineux, révéler la présence du rien, de l'inaperçu.
Ce n'est pas étudier la matière du devant, mais se laisser regarder par l'épaisseur, trouver dans les choses qui nous entourent le mystère d'être là, l'intense et le léger à la fois, la douleur et l'ivresse d'une joie, mais rien de sentimental, seulement le poids de la vie.
Toute chose, tout acte a un sens. Le travail consiste à construire avec le sens, le révéler, lui donner forme.