L'exposition a été visible du 25 avril 2015 au 1er novembre 2016 au musée départemental de Lochieu.
Livre "Le Bugey d'Antoine Duclaux" en vente au musée, et en librairies, 15€.
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Le Bugey d'Antoine Duclaux
Cette série est une commande de la conservation des musées départementaux de l'Ain. Delphine Cano, directrice de la conservation a souhaité que je porte ma sensibilité sur les paysages du Bugey, eux mêmes source d'inspiration pour Antoine Duclaux, peintre du monde rural du XIX siècle.
La photographie ne relève pas du mimétisme, de la copie fidèle de la réalité, elle suscite des mécanismes profonds qui fond appel à la mémoire, au temps et à l’imaginaire. Je la pratique comme une écriture instinctive et donnée, pour rendre un sens à ce qui semble insensé, muet et secret, les choses banales qui nous entourent.
Retrouver les lieux observés et aimés par Antoine Duclaux ne fut pas chose facile, mais comme André Breton en chercheur d'or, j’ai été mu par le désir de remonter le temps et découvrir le point de vue du peintre à la recherche d’une croix, un pont, l’environnement d’un château, des troupeaux, la nature, un verger, des vignes, un petit banc, une trace de vie.
Nourri par une quête insatiable de révéler le secret poétique de lieux en apparence vides, ignorés, silencieux, mon regard a glissé peu à peu et naturellement vers le regard du peintre. L’outil n’est pas le même mais l’intensité et l’acuité de l’observation sont identiques.
Duclaux opère à cette date charnière de l’histoire de l’art où prend naissance la photographie vers 1840. Tournée dés les origines dans une fonction documentaire,l’image photographique va très vite avoir sa propre écriture, narrative mais aussi rêveuse et sensuelle. Beaucoup de photographes célèbres de l’époque ont d’ailleurs une culture et une pratique de peintre, Hippolyte Bayard, Edouard Baldus, Gustave Le Gray, Charles Marville posent leur chambre photographique comme les peintres posent leurs chevalets dans la nature dés le XVIIé.
Fasciné par ces pionniers et héritant de la chambre en bois de mon grand père, j’ai depuis l’adolescence un goût prononcé pour capter la permanence de l’instant dans la fugacité de la lumière. Là où le peintre ajoute à sa toile, dessin, lignes, couleurs, pâte, épaisseurs, traits, le regard du photographe contemplatif que je suis, enlève, coupe, suggère et arrête le flux constant du vivant jusqu’à l’épure, pour donner forme au calme après la tempête, c'est à dire le silence intérieur, si perceptible chez Duclaux.
Cette quête n’est pas sans rappeler la recherche du musicien, chercheur de sonorité, de liberté, de rythme, d’harmonie, de vitalité et de mélancolie.